Pourquoi les stats sont plus utiles qu’un bon feeling pour mieux jouer au golf ?

Échange avec Robin Cocq, coach de golf spécialisé en stratégie de performance et en analyse statistique. Il accompagne plusieurs joueurs du Tour Européen, dont Ugo Coussaud, Matthieu Pavon (vainqueur sur le PGA Tour), ou encore Perrine Delacour.

Son approche repose sur la maîtrise des datas pour construire une stratégie de jeu optimale, adaptée à chaque profil.

Avec ses joueurs, il a contribué à plusieurs victoires internationales, en combinant précision analytique, préparation mentale et rigueur tactique.

Robin incarne une nouvelle génération de coachs, à la croisée de la tech, du jeu et de la performance.

Paul

‍Beaucoup de joueurs disent “je me sens bien en ce moment” ou “je sens que je putte bien”. Pourquoi est-ce que tu dis que les statistiques sont plus utiles que le feeling ?

Robin Cocq

C’est une super question, parce que le feeling fait partie intégrante du golf, c’est ce qui en fait un sport si mental. Mais le problème, c’est que le feeling est influencé par l’émotion du moment, par une partie récente ou même par le score du jour. Avec les statistiques, on a une vision objective de ce qui fonctionne réellement ou non.

Par exemple, un joueur peut avoir “l’impression” de bien driver, mais ses stats montrent qu’il touche 7 fairways sur 14 qui lui permettent éventuellement de faire quelques birdies, attaquer des par 5 en 2…mais qu’il prend plus de 3 coups de pénalité par partie. Là, c’est plus du tout le même constat. Les stats permettent d’identifier les vrais leviers de progression, pas ceux qu’on croit être les bons.

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Paul‍

Tu coaches des joueurs professionnels : est-ce que tu constates que ce décalage entre sensation et réalité existe aussi chez eux ?

Robin Cocq

Absolument, et parfois même encore plus. Les joueurs pros sont très connectés à leurs sensations, et c’est une force… mais aussi un piège. Ils peuvent avoir un mauvais ressenti sur leur putting, alors que sur 10 cartes ils gagnent des coups sur les putts courts. En analysant leurs stats, on peut dire : “Ok, tu te ne sens pas bien, mais tu mets 65% de tes putts entre 1,5m et 3m. Tu es déjà largement meilleur que le champ de joueur.”

C’est un outil de prise de conscience très puissant.

Ils peuvent juger un secteur comme défaillant, inacceptable. Par exemple le putting, parce qu’ils ont raté un putt important, ou que leur putting n’a pas été performant au dernier tour et qu’ils n’ont pas pu faire un résultat. Mais ils occultent le niveau de putting qui leur a permis de se mettre en position le dernier tour. Un mauvais diagnostic pourrait les amener à denigrer leur niveau, ou a investir un temps inconsidéré dans un secteur de jeu pour le faire progresser de 1%, alors qu’on a une marche à grimper dans un autre secteur.

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Paul‍

Concrètement, en quoi les stats aident un joueur amateur à progresser plus vite que son simple ressenti ?

Robin Cocq

L’important dans l’entrainement, c’est bien évidemment son contenu, mais aussi le dosage de chaque secteur de jeu et un niveau d’exigence adapté.Travailler tout au hasard n’amènera pas les mêmes résultats.

Question contenu, imaginons un joueur de 15 d’index qui ne met que 10% de ses chips à 2 mètres du trou, mais rentre 70% de ses putts à 1.5m…(quasiment la stat du tour qui est de 75%)Il va être logique de lui faire explorer son petit jeu, plutôt que de lui faire faire des exercices de putting courts.Les stats permettent de savoir exactement sur quel secteur tu dois investir ton temps.

Ça permet aussi d’avoir des attentes réalistes sur le parcours. Beaucoup d’amateurs pensent qu’ils “devraient” toucher tous les greens à 100 mètres. Mais même sur le Tour, la moyenne c’est plus de 6 mètres de dispersion sur cette distance (et depuis le fairway). Les stats remettent les choses à leur place, réduisent la frustration et augmentent la performance, car elles t’aident à jouer intelligemment, en fonction de ton vrai niveau.